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João Miguel

11,00

La prison, la solitude et l’angoisse dans le Nordeste rural des années 20. Un chef d’oeuvre emblématique du régionalisme. Un classique au Brésil.

Auteur : Rachel de Queiroz

Illustrations : André Diniz

Roman, 220 pages. ISBN : 978-2-918799-57-3.

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Description

La prison, la solitude et l’angoisse dans le Brésil rural des années 20

João Miguel est un homme quelconque et sans histoire qui assassine un homme, sous l’effet de l’alcool. Jeté en prison, il est ballotté dans les engrenages incompréhensibles de la justice.

Privé de liberté, il découvre la solitude, l’angoisse, l’incertitude du destin, la jalousie.

Il avait cessé d’être un homme, il avait perdu le droit de vivre comme les autres, de marcher, de parler, d’ouvrir une porte. Il était comme une bête féroce que l’on garde enfermée pour qu’elle ne fasse de mal à personne. Pourtant, malgré tout, il était toujours lui. Il n’avait en rien perdu son ancienne forme. Ni son âme, ni son corps. Son visage était le même, ses mains étaient les mêmes, son cœur était le même… L’homme d’après le crime était le même homme que celui d’avant le crime.

Alors qu’il croit devenir fou, le travail manuel le rééquilibre. Et de sa main assassine, il tresse des chapeaux en fibres de paille…

Fatalisme, hasard, injustice : ce huis clos est le roman de la solitude humaine mais c’est aussi un roman social. La vie d’une prison dans une petite ville du Nordeste, la psychologie des prisonniers sont analysés avec une finesse remarquable.

Publié en 1932, João Miguel est le deuxième roman de la brésilienne Rachel de Queiroz, après La terre de la grande soif. Elle n’a que 22 ans – et pourtant, de quelle connaissance de l’âme humaine elle fait preuve !

João Miguel est un chef d’oeuvre emblématique du courant littéraire de l’époque – un réalisme dans les situations et les dialogues, assorti d’une construction romanesque impeccable – qui seront la marque de fabrique des auteurs régionalistes du Nordeste (aux côtés de José Lins do Rego ou Jorge Amado).

Enfin, João Miguel est précédé d’un dossier sur l’auteure et le contexte de l’époque, et il est illustré de plusieurs reproductions de gravures sur bois (xilogravuras) d’André Diniz, pour se plonger dans l’ambiance du Nordeste du début du XXe siècle… Découvrir son travail ici.

Un classique magistral ! Lisez le début ici.

 

4 avis pour João Miguel

  1. Hélène B

    Joao Miguel décrit de façon très présente l’univers de la prison, le remords, la culpabilité, la difficulté de rester fidèle… la fin est surprenante et lumineuse.

  2. R-lectrice (Babelio)

    Le lecteur s’immerge dans l’histoire ; il a l’impression, tout comme le protagoniste, d’être enfermé.
    L’amitié avec les autres prisonniers est très attachante. Nous apprenons à connaître les souvenirs des autres personnages et leur passé semé d’embûches, leur malheur nous inspire beaucoup d’émotions. Nous nous apercevons que chaque émotion est amplifiée lorsqu’on vit dans un si petit espace, écarté de toute civilisation, sans occupation et avec pour seule distraction les conversations avec les autres prisonniers. La haine, l’impression de trahison, la dépendance à l’alcool, l’angoisse, l’humiliation, la jalousie, la peur du destin… Tout est sujet à la réflexion puisqu’ils n’ont pas d’autre occupation.
    Cette oeuvre a été une agréable découverte. Le travail réalisé sur l’édition est magnifique, avec de très belles illustrations et une couverture à la texture originale. La traduction est bien réalisée (…) Cela en fait une petite pépite !

  3. Jovidalens (Babelio)

    Un vase clos comme une jarre, dans le ventre de laquelle toute une micro-société se croise, s’entre-aide, tourne en rond. Une jarre, dont un rayon de soleil vient de temps en temps éclairer le fond. La vie, la lumière sont “dehors”. Et eux, ils sont « dedans ». Quelques unes (parce que ce ne sont que les femmes) viennent apporter un peu de…un peu de quoi, au fond ? Un peu des rumeurs du monde extérieur ? ! Un reste d’amour avant qu’il ne s’effiloche comme le bord d’un hamac trop usé ? Et l’auteure, sans mots, fait ressentir leurs difficultés à elles de venir, d’escalader les flans de cette jarre virtuelle pour plonger quelques instants dans son ombre où tournent en rond leurs hommes. (…)
    Ce livre c’est aussi à travers le temps la rencontre de cette belle littérature brésilienne du début du vingtième siècle et d’un illustrateur contemporain. Les illustrations d’André Diniz peuvent faire penser au style de Frank Miller par la maîtrise du noir et blanc, mais il y a plus de rondeur, de fluidité chez Frank Miller que dans le trait d’André Diniz. André Diniz donne l’ impression que le dessin est gravé, gravé habilement et profondément à coups de serpe dans un matériau dur, comme un des personnages de « Joao Miguel » prisonnier condamné qui sculpte des ex-votos dans un morceau de bois. Cela correspond bien à l’écriture de Rachel de Quiroz qui décrit des hommes dont on ne voit pas d’évolution possible : ils sont taillés de toute pièce dans la rigueur de leur vie.
    Belle découverte d’un grand écrivain brésilien que je ne connaissais pas encore !

  4. Librairie Entropie

    “Jean Miguel eut dans la main qui tenait le couteau la sensation moelleuse de trouer un paquet.”

    Les deux premières phrases du roman nous plongent d’emblée dans le vif du sujet : un pauvre paysan du Nordeste, sous l’emprise de l’alcool, en éventre un autre qui l’insultait dans un bar. Arrêté pour son crime, puis incarcéré, le meurtrier va alors passer deux ans à se morfondre en prison en attendant d’être jugé… et finalement libéré.
    Et donc un livre avec aussi peu de suspense que d’action, mais des questions à foison. Car derrière l’apparente pauvreté du thème de ce bref récit, Rachel de Queiroz ne cesse en réalité d’interroger son lecteur. D’abord sur l’étrange facilité avec laquelle une vie peut parfois basculer du ‘mauvais côté’… Ensuite sur la psychologie des criminels, lesquels paraissent moins torturés par le remords d’avoir tué que par les conséquences de leur crime : la privation de liberté et, surtout, de moyen d’influer sur le cours des événements. (…) Ajoutons qu’il est aussi question de l’amour et de la mort, du châtiment et du pardon, et probablement d’autres choses encore, le tout écrit dans un style simple et direct duquel ce huis-clos tire sa force.
    Savoir enfin que Rachel de Queiroz, alors jeune communiste, dut soumettre son manuscrit au Parti avant publication… et qu’il fut désapprouvé par un comité d’imbéciles. Ces derniers, chargés de veiller à l’édification des masses, ne surent pas voir en effet les vertus pédagogiques du roman (mise en garde contre l’abus d’alcool, dénonciation de la misère, salut par le travail…), mais jugèrent simplement inopportun de publier l’histoire “d’un travailleur qui en tue un autre”.
    Jeune femme de caractère, Rachel passa outre la censure. Et elle fit bien.

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