Le cauchemar des affrontements armés quotidiens à Rio

Le cauchemar des affrontements armés quotidiens à Rio

Voici les grandes lignes de l’excellent reportage “Balle perdue”, de José Cicero da Silva sur la violence à Rio de Janeiro (env. 10 min).

Le reportage commence par des images de l’enterrement de Vanessa dos Santos, 10 ans, morte en juillet d’une balle perdue alors qu’elle était chez elle, dans la favela du Complexe de Lins. Une victime de balle perdue de plus – depuis le début de l’année à Rio, 6 enfants sont morts de balles perdues. [Statistiquement, on considère comme “victime de balle perdue” une personne qui n’a aucun lien avec l’affrontement armé dont elle est victime.]

Une journée de violence habituelle à Rio

Dans la région métropolitaine de Rio, aujourd’hui, on dénombre en moyenne 14 affrontements armés par jour – une journée habituelle ! De juillet 2016 (la fin des JO, tiens donc…) à juillet 2017, 3829 affrontements armés ont eu lieu à Rio, et ont causé la mort de 706 personnes (586 civils et 120 policiers). La région du Complexe de l’Alemão est l’une des plus touchées – cette même favela qu’Otavio Junior nous décrit dans Le Libraire de la favela. On y est donc d’autant plus sensible…

Ces dernières semaines, en juin-juillet 2017, la situation est devenue encore plus tendue avec un regain de violence dans les favelas.

Bartolomeu Junior, que vous avez pu lire dans Je suis Rio et Je suis toujours favela, intervient : pour lui, cette violence affecte terriblement la vie des habitants. Ces affrontements ont des conséquences psychologiques : stress intense, dépression, suicide…

Terribles images que celles tournées dans une crèche, où l’on entend retentir les rafales d’armes automatiques… On apprend ainsi qu’1/4 des écoles et crèches municipales de Rio ont dû être fermées un jour ou plus à cause des affrontements armés ! Et les écoles du Complexe de l’Alemão sont particulièrement touchées. Cette éducatrice raconte que les enfants arrivent traumatisés à l’école, mais aussi qu’ils connaissent davantage les noms des armes et les calibres que l’ABC… Quelle tristesse :-((

Mais les habitants ne se laissent pas abattre : les membres d’un collectif utilisent WhatsApp pour croiser les informations, dire où il y a des affrontements armés dans la favela, etc. Et cette mère qui dit que les mères doivent transformer leur deuil (luto) en lutte (luta).

Enfin, des habitants s’insurgent : balle perdue, en pleine tête, en plein coeur ? Ainsi, cette mère qui a réussi à prouver, après 5 ans, que son fils avait bien été exécuté par la police.

La vie humaine n’est pas une priorité pour le Brésil, conclut cet ex-policier…

Pour en savoir plus :

Coletivo Papo Reto ; Fogo cruzado : une plateforme digitale collaborative dont l’objectif est d’enregistrer l’incidence d’affrontements armés dans la région métropolitaine de Rio de Janeiro, grâce à une application pour téléphone portable.

Et pour ne pas céder à la sinistrose, notre dossier préparé dans le Blog Junior, pour montrer que malgré ses problèmes, la favela ne se laisse pas abattre !

Envie d’en savoir plus sur les favelas et sur le thème de l’article ? Voici  quelques-uns de nos livres qui pourraient vous plaire. Et en mars 2018, un nouvel opus : Je suis encore favela !

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Manuel pratique de la haine

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