Brésil, terre d’immigration japonaise

Un excellent article de M, le magazine du monde, cette semaine sur les descendants de Japonais au Brésil.

Chez Anacaona, on s’intéresse aux “minorités” ethniques… et nous avons d’ailleurs parmi nos auteurs/illustrateurs une petite-fille de Japonais immigrés au Brésil, Lucia Hiratsuka, qui a illustré Banzo, mémoires de la favela. L’occasion de revenir sur cette communauté, une belle histoire d’intégration et de melting-pot à la brésilienne !

Des extraits piochés dans cet article écrit par Pierre Jaxel-Truer dans Le Monde :

(…) Les descendants d’immigrés japonais, dit-on, forment au Brésil une troupe de près de deux millions de personnes. C’est le foyer de population d’origine nipponne le plus important hors de l’Archipel.

Ce chapitre du roman national brésilien s’écrit sur plus d’un siècle et cinq générations. Il est fait de sueur, de larmes, de drames. L’histoire commence d’un mauvais pied en 1908, à l’aube du XXe siècle. Après l’abolition de l’esclavage au Brésil, en 1888, la région a besoin de main-d’œuvre pour ses plantations de café, l’or noir des descendants de colons.

Les migrants qui viennent à cette époque fuient la misère au Japon. La plupart sont des ruraux, peu éduqués, qui ne cherchent pas à s’intégrer et veulent juste gagner de l’argent avant de repartir. Ils vivent donc en vase clos et créent leurs propres écoles, où ils entretiennent le culte nostalgique du pays du Soleil-Levant. Avant la seconde guerre mondiale, 170 000 Japonais posent ainsi leurs valises au Brésil, en rêvant d’un hypothétique retour au pays.

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Après la guerre, le Japon est détruit, exsangue, n’offre plus aucune perspective de retour. Les Japonais du Brésil n’ont d’autre choix que rester. Ironie du sort, ils sont même rejoints par de nouveaux arrivants. L’immigration reprend jusque dans les années 1970. Mais, cette fois, les Japonais comprennent qu’ils doivent s’intégrer, s’adapter, vaille que vaille. « Entre 1958 et 1988, le taux de couples mixtes est passé de 13 % à 46 % ».

À partir des années 1980, le Japon a ouvert ses portes aux descendants d’immigrés installés au Brésil. Depuis, beaucoup sont partis, sont revenus, sont repartis, sont revenus… Ça a réveillé la curiosité des jeunes, qui savent qu’il peut y avoir une opportunité », raconte-t-il.

Voilà un autre pan, encore ouvert, de l’histoire des ­Japonais du Brésil. Celui des dekassegui, comme on appelle ceux qui repartent travailler dans l’Archipel. C’est alors que les Nippo-Brésiliens n’y pensaient plus vraiment que la porte s’est ouverte. Le Japon, en plein boom économique, avait besoin de main-d’œuvre étrangère pour ses usines. Autant puiser dans le réservoir de demi-frères ­d’Amérique du Sud… Un quart des descendants de Japonais auraient, ainsi, emprunté le chemin du retour. L’ampleur du phénomène a varié, lors des dernières décennies, au gré des besoins économiques du Japon. Il a été rythmé, aussi, par les crises brésiliennes.

De nombreux Nikkei se sont aujourd’hui fait une place de choix dans l’élite de la capitale économique du Brésil. A l’université de São Paulo, la plus prestigieuse, ils accaparent 13 % des places, alors qu’ils ne représentent que 1 % de la population totale du pays. Cette statistique illustre leur réussite.

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« En 2008, lors du centenaire du début de l’immigration, il y a eu un vrai engouement de la part des Brésiliens, incomparable à celui qu’il y avait eu pour des commémorations équivalentes pour les Italiens ou les Allemands ».Une étude très sérieuse a été faite, pour savoir pourquoi. « La réponse est apparue évidente : les Nikkei bénéficient d’une excellente image. Ils sont vus comme travailleurs, honnêtes, très attachés à l’éducation de leurs enfants. » Les parias d’hier font désormais envie.

Lisez l’article en entier, sur le site du Monde ou bien ici.

Pour en savoir plus sous forme de roman, dans la collection Anacaona Junior, Les livres de Sayuri. Et l’article de blog sur le dossier final qui l’accompagne.

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