On parle beaucoup du mouvement « Black lives matter » aux Etats-Unis – et il y a de quoi ! Mais ce mouvement existe aussi au Brésil, où le taux de mortalité et d’arrestation des Noirs est là aussi disproportionné.
On l’évoquait en 2015 dans notre article de blog : https://www.anacaona.fr/info-favela/jeune-noir-et-en-vie-lutter-contre-la-violence-au-bresil/
Parmi les 30 000 jeunes assassinés au Brésil chaque année, 77% sont Afro-brésiliens. Et ils sont les premières victimes des violences policières.
Dans la police brésilienne, souvent, c’est la politique du « Tirer d’abord, interroger ensuite »
Dernièrement, Jhonata Dalber Mattos Alves, jeune Noir carioca, tué le 30 juin d’une balle dans la tête, dans des circonstances confuses. Balle perdue au milieu d’un affrontement ou présomption de culpabilité de la part des policiers ? Les discours varient entre civils et forces de police. Mais que vaut la parole des habitants des favelas ? …
Ou encore en décembre de l’année dernière : 5 jeunes Noirs dans une voiture. La police leur a tiré 111 balles… Difficilement imaginable.
Diego Santos, un témoin, parle au micro de France 24 : « Ces violences font partie de notre quotidien. Pourtant, cela fait depuis 2010 que nous avons dans notre quartier une « unité de police pacificatrice ». Instituée dans les quartiers les plus pauvres, elle devait permettre de reprendre le contrôle sur les groupes qui les contrôlaient. C’était une bonne idée. Mais au lieu de renouer la confiance avec les habitants, cette police a contribué à dégrader la situation. La confrontation est permanente l’approche est restée sécuritaire et répressive, comme si les habitants de favelas étaient perçus comme des ennemis de la société qu’il fallait éliminer. »
Aux éditions Anacaona, le rapport entre réalité et fiction n’est jamais loin. La violence ou l’oppression policière, vous la découvrez au fil de vos lectures Urbana (Manuel Pratique de la Haine, Favela Chaos, Kéro), entre trafiquants et policiers… corrompus.
Dans notre nouveau Je suis Rio, Ferréz aborde ce thème avec humour, ça change ! On vous offre un extrait !
(…)
— Toi, Négro ! Contre le mur, mains sur la tête !
— Toi aussi, p’tit Blanc, contre le mur !
— Oui, m’sieur.
— Quoi, « oui, m’sieur » ?
— Rien. J’rentre chez moi, j’ai été acheter des bananes et…
— J’t’ai rien demandé ! J’m’en fous de ton histoire !
— OK.
— Quoi, « OK » ? Ta gueule !
— Excusez-moi, m’sieur.
— Ton portable, t’as la preuve d’achat ?
— Chez moi, m’sieur.
— …
— Et toi, Négro, tu vas où ? Tu vas chourave ?
— Non, m’sieur, j’vais chez un pote.
— T’as des potes, toi ?! T’es assez con pour croire encore à l’amitié ?
— Des vrais potes, on n’est jamais sûrs, non…
— Ferme ta gueule et donne tes papiers. Doucement… Et toi, là, qu’est-ce tu regardes, lâche tes bananes, porra !
(Le policier lui écarte violemment la jambe gauche)
— Aïe !
— Quoi, aïe ? T’as mal, Blondinet ? Tiens !
(Gifle)
— Et toi, Négro, t’en veux une aussi ?
— Hé, chef, attendez ! J’suis pas un bleu, moi, j’ai été en zonzon, j’ai déjà fait ma peine…
— Ah ouais ?… Bon, c’est mieux comme ça. Tu vois ? On discute. Et toi, Blondinet ?
(Chiquette)
— Prends tes bananes, porra, et bouffe-les !
— Mais monsieur…
— Bouffe-les, porra !
— …
(© Ferréz)
A suivre, un prochain article sur des jeunes qui ont inventé une application mobile pour dénoncer les violences policières…
Sources :
Article Anacaona 2015 : https://www.anacaona.fr/info-favela/jeune-noir-et-en-vie-lutter-contre-la-violence-au-bresil/