Conceição Evaristo, écrivaine de la mémoire afro-brésilienne

Conceição Evaristo, l’auteure de L’histoire de Poncia et Banzo, mémoires de la favela, est aujourd’hui considérée comme la grande dame des lettres afro-brésiliennes et en ce moment elle est à l’honneur au centre Itau Cultural, à Sao Paulo. Une belle occasion de revenir sur son histoire et son œuvre.

©Folha de Sao Paulo

S’il y avait un monument à la mémoire du peuple Noir, il devrait être construit dans les profondeurs de la mer, pour rendre hommage à ceux qui s’y sont perdus pendant la traite négrière. (Conceição Evaristo, Folha de Sao Paulo)

Bien qu’écrivant dès sa jeunesse, ce n’est que maintenant, à l’âge de 70 ans, que Conceição Evaristo grave son nom dans le paysage littéraire brésilien, preuve du peu de place accordé aux artistes Noirs dans la société brésilienne.

Dans les années 1990 Conceição commence à publier dans la série Cadernos Negros (Cahiers Noirs), publication qui depuis le début des années 1980 s’était donnée pour mission la valorisation et la visibilité d’auteurs afro-brésiliens et auteures afro-brésiliennes, à travers de la publication alternée d’anthologies de prose et de poésie.

Dans son œuvre de Conceição Evaristo apporte une forte critique sociale, met en scène ses origines africaines et l’héritage de l’esclave, dont on voit encore les vestiges dans la société brésilienne du XXIe siècle. Mais au-delà des critiques sociales féroces que l’on retrouve dans ses textes, il y a aussi de la poésie, beaucoup de poésie, fruit d’un regard sensible aux différentes histoires qui peuplent sa mémoire depuis son enfance.

©Richner Allan/Itaú Cultural. Cliquez pour connaître le programme.

La mémoire est importante. Il y avait un poète antillais qui disait que nous, les Noirs, ne sommes pas à la recherche du temps perdu, mais du temps morcelé, violé.

Il y a 20 ans, Conceição Evaristo avait déjà publié de manière indépendante son livre Becos da Memória, publié chez les Editions Anacaona en 2016 sous le titre Banzo, mémoires de la favela. Présentement, ce livre, ainsi que le roman Ponciá Vicêncio, paru également chez les éditions Anacaona sous le titre L’histoire de Poncia, seront réédités par des maisons d’éditions brésiliennes d’une renommée assez importante. D’ailleurs, L’histoire de Poncia, constitue un bel exemple d’une thématique chère à Conceição Evaristo : celle de la femme Noire, non seulement de sa condition matérielle, mais surtout de sa condition humaine.

Aussi, la vie et l’œuvre de Conceição feront l’objet d’une exposition dans un grand centre culturel de la ville de Sao Paulo pendant les deux prochains mois. Sa présence est aussi déjà confirmée en juillet/2017 dans la Fête Littéraire Internationale de Paraty, un évènement littéraire prestigieux qui a su s’ancrer dans le scénario littéraire national et international depuis 2003.

Enfin, on ne peut que se réjouir du fait qu’enfin le milieu littéraire, et plus largement, la société brésilienne, ait commencé à valoriser cette grande auteure depuis quelques années. Et bien sûr, cela veut dire aussi que la littéraire Noire, afro-brésilienne et féminine sort du silence auquel elle a été longtemps reléguée.

Conceição était déjà très connue dans le mouvement noir depuis les années 1980, et notamment après avoir reçu, en 2015, le Prix Jabuti, un important prix littéraire national.

Certains critiques affirment que les Noirs écrivent beaucoup sur le passé…Mais nous avons le besoin de reprendre ce temps, nous avons une douleur qui doit encore être explicitée.

La presse parle de Conceição Evaristo !

Une longue interview de Kadidiatou Bah, dans le féminin Amina, en PDF ici.

L’article du quotidien La Croix publié le 19/05/2015

Interview sur le blog de Nicolas Quirion, Carnets du Brésil.

Pour mieux la connaître, lisez ici la préface publiée dans L’histoire de Poncia.

Vous pouvez lire ici (en portugais) un article du quotidien brésilien, Folha de Sao Paulo, sur l’auteure, dans le cadre de l’exposition au Centre culturel Itau.

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Banzo, mémoires de la favela, Conceição Evaristo

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