Ferréz

Ferréz, terroriste littéraire

Fils d’un chauffeur de taxi et d’une domestique, l’écrivain Ferréz, leader communautaire de la favela Capão Redondo à São Paulo confie que la littérature a été pour lui une planche de salut.

Pendant sa jeunesse, il enchaîne les petits boulots sans jamais se séparer des livres, même s’il devait parfois perdre des heures dans les transports en commun pour aller à la bibliothèque la plus proche.

En 1997, il auto-édite son premier livre et c’est en 2000 que le roman Capão Pecado – jeu de mots autour de son quartier, Capão Redondo, qui devient le « Capão du péché » – le révèle au grand public. C’est l’explosion, le livre est vendu à des dizaines de milliers d’exemplaires [à ce jour, plus de 100 000 exemplaires vendus]. En 2003, le Manuel pratique de la haine l’installe définitivement parmi les écrivains contemporains brésiliens importants.

Ses romans décrivent le quotidien violent de son quartier. Se basant sur des faits et des personnages réels de sa favela, s’imprégnant des thèmes qu’il combat et avec lesquels il cohabite, Ferréz réfléchit dans son œuvre sur le racisme, la pauvreté, la violence et la solitude de l’homme dans la société de consommation.

Ce qui caractérise le style de Ferrez, c’est son travail impressionnant sur la langue, les mots, les sonorités. En cela, il a donc toujours été proche du mouvement culturel hip hop.

Pour lui, vivre à São Paulo, c’est survivre.

Ferréz a créé un nouveau type de littérature, la littérature marginale – faite par les exclus pour les exclus, ceux qui sont en marge du pouvoir central. Entre les nouvelles, les romans, les livres pour enfants, les pièces de théâtre et scripts pour la télé, les bandes-dessinées et les textes de rap, Ferréz fait entendre sous toutes les formes la voix des habitants des grandes périphéries urbaines au Brésil.

Contrairement à de nombreuses célébrités originaires de la favela, Ferrez a décidé, par militantisme, de continuer à y habiter. Et surtout, comme il l’a dit la première fois qu’il est venu en France en 2013 :

Ma plus grande victoire, c’est de revenir dans mon quartier en disant aux gamins que j’ai été à Paris.

Ouais, cousin, à Paris, en France. Grâce à la littérature.

Lire les premières planches de la bande-dessinée Favela Chaos, l’innocence se perd tôt.

Lire l’article de blog lors de la sortie de Favela Chaos, l’innocence se perd tôt.

(Re)lire le début du Manuel pratique de la haine.

 

Bibliographie francophone : aux éditions Anacaona

 

Bibliographie brésilienne
– Fortaleza da Desilusão (1997), Capão Pecado (2000), Manual Prático do Ódio (2003), Amanhecer Esmeralda (2005), Literatura Marginal (2005), Ninguém é inocente em São Paulo (2006), Cronista de um tempo ruim (2010), Deus foi almoçar (2013), O pote mágico (2013), Amanhecer Esmeralda (reedição, 2014).

 

Site Web (brésilien)
– Site officiel