Le Régionalisme, le Nordeste dans la littérature

Avant tout, il est important de souligner qu’il y a d’autres régionalistes hors du Nordeste (Erico Verissimo par exemple, du Rio Grande do Sul (l’Etat le plus austral du Brésil). Néanmoins nous n’en parlerons pas ici puisque seul le Nordeste nous intéresse.

La tradition littéraire du Nordeste est parmi les plus anciennes du Brésil. Elle date du XVIIe siècle, avec Gregório de Mattos (1636-1696), poète baroque portugais, auteur de poèmes lyriques et religieux.

C’est donc depuis longtemps que le Nordeste a une littérature riche et très variée. C’est dans cette région, mystique et mythique, que voient  le jour la littérature de Cordel, le mouvement Armorial, et aussi le courant Régionaliste, dont l’un des fondateurs est José Lins do Rego – que nous avons déjà publié 😉 .

A vrai dire le régionalisme est vieux de 150 ans dans la littérature brésilienne. Dès le milieu du XIXe siècle, des auteurs comme José de Alencar ou Bernardo Guimarães, des figures importantes du Romantisme brésilien, montrent déjà dans leurs oeuvres une veine régionaliste.

Au milieu du XIXe siècle, des auteurs romantiques comme Joaquim Franklin da Silveira Távora (1842-88), du Céara, croyait que c’était dans la région du Nordeste que l’on pourrait forger une littérature brésilienne « authentique », car le Sud ne pourrait pas le faire en raison de la forte présence d’étrangers.

La fin du Romantisme, dans la deuxième moitié du XIXe siècle, renforce la volonté des auteurs de représenter la réalité dans leurs œuvres. Le désir de représenter le réel de manière objective est devenu la devise du Réalisme, qui est une des origines de la fiction régionaliste. On parle de la période régionaliste comme l’une des périodes les plus réussies de la littérature brésilienne.

C’est véritablement à partir des années 1930, après la Semaine d’Art Moderne de São Paulo de 1922, que les régionalistes s’assument réellement en tant que tel.

Se tourner vers l’homme du sertão, pour ces auteurs, c’est aller à l’inverse de la littérature classique focalisée sur la ville, et notamment Rio de Janeiro et Sao Paulo. L’homme du sertão apparaît comme le symbole de l’authentique brésilien, étranger aux influences européennes. Mais les auteurs régionalistes du XIXe siècle étaient à deux doigts du « mythe du bon sauvage » dans leurs portraits des sertanejos, et leurs œuvres étaient au final peu réalistes.

Plus tard, les auteurs régionalistes des années 1930 montreront un tout autre visage des sertanejos et dénonceront les inégalités criantes de cette région encore pré-capitaliste – en dressant le portrait de travailleurs encore soumis au pouvoir féodal de leurs maîtres, les coronels.

Parmi les auteurs les plus importants du mouvement Régionaliste, on retrouve les noms de Graciliano Ramos (1892-1953), né dans l’état de l’Alagoas, Jorge Amado (1912-2000), né à Bahia, Rachel de Queiroz  (1910-2003), de l’état du Céara, et enfin José Lins do Rego, de l’état de la Paraiba.

Graciliano Ramos (1892-1953), né dans l’état de l’Alagoas
Graciliano Ramos (1892-1953), né dans l’état de l’Alagoas
© Jorge Amado (1912-2000), né à Bahia
© Jorge Amado (1912-2000), né à Bahia
Rachel de Queiroz (1910-2003), auteur de l’état du Céara
Rachel de Queiroz (1910-2003), auteur de l’état du Céara
José Lins do Rego, né dans l’état de la Paraiba.
José Lins do Rego, né dans l’état de la Paraiba.

Nous avons publié deux des ces grands auteurs classiques du mouvement régionaliste nordestin, Rachel de Queiroz (João Miguel et La terre de la grande soif) et José Lins do Rego, souvent considéré comme le père du Régionalisme. De ce dernier, vous trouverez chez nous les romans Crépuscules, l’un des grands classiques de la littérature brésilienne, et l’Enfant de la Plantation, un très beau roman qui met en scène le Brésil rural du début du siècle, et la décadence de la canne à sucre.

João Miguel, de Rachel de Queiroz, cliquez pour en savoir plus.
João Miguel, de Rachel de Queiroz, cliquez pour en savoir plus.
La terre de la grande soif, de Rachel de Queiroz, cliquez pour en savoir plus.
La terre de la grande soif, de Rachel de Queiroz, cliquez pour en savoir plus.
Crépuscules, de José Lins do Rego, cliquez pour en savoir plus.
Crépuscules, de José Lins do Rego, cliquez pour en savoir plus.
L’Enfant de la Plantation, de José Lins do Rego, cliquez pour en savoir plus.
L’Enfant de la Plantation, de José Lins do Rego, cliquez pour en savoir plus.

Vous pouvez voir maintenant que le Nordeste a une longue tradition littéraire, pleine de richesses et variétés. Cette tradition continue encore aujourd’hui, car cette région est le berceau de divers auteurs contemporains qui cherchent à trouver leur propre chemin, leur singularité de style tout en ajoutant la touche nordestine à leur plume. C’est le cas de Marcelino Freire (1967), auteur né au Pernambouc, dont la production littéraire confirme la force et l’énergie d’une littérature qui ne cesse de se réinventer.

Nous avons publié Nos os, de Marcelino Freire, et il fait aussi parti du collectif d’auteurs dont les nouvelles constituent Je suis favela.

Nos Os, de Marcelino Freire, cliquez pour en savoir plus.
Nos Os, de Marcelino Freire, cliquez pour en savoir plus.

Ne perdez pas de temps, plongez dans l’ambiance du Nordeste brésilien avec les livres de la Collection Terra 🙂