Au suivant, un roman sur les années 90 au Brésil

Un livre c’est un univers – et un livre brésilien, c’est un univers particulier, parfois proche, parfois lointain… C’est l’occasion de découvrir une culture, une histoire. Nous avons vu dans un article précédent le contexte de Au suivant : pendant les années 1990, une crise politique et économique dévastatrice, menant à la paupérisation de toute une partie de la population.

Les années 90 sont également marquées au Brésil par une explosion de la violence, conséquence directe de l’explosion de la pauvreté et des inégalités. Au suivant en parle peu directement, mais ce sont des thèmes qui nous sont chers, chez Anacaona. Découvrez dans cet article un fait marquant de cette période, brièvement évoqué dans Au suivant : le massacre de Candelaria.

À la télévision, le journal parle d’enfants assassinés dans une église du centre-ville… (p. 54)

Enfants des rues dans les années 90

La nuit du 23 juillet 1993, à proximité de l’église de Candelaria, dans le centre-ville de Rio de Janeiro, deux voitures de patrouille de la PM (Police militaire) qui faisaient leur ronde s’arrêtent. Les policiers tirent délibérément sur une quarantaine de gamins des rues, en majorité des enfants et adolescents, Noirs et pauvres, qui dormaient sur les escaliers de l’église. Ce sont les tristement célèbres “escadrons de la mort” – des policiers qui, hors-service, “nettoyaient” les rues du Brésil de la “racaille” : enfants des rues, prostitué(e)s, drogués, dealers.

8 jeunes dont 6 mineurs, meurent sous les balles, assassinés.

 

Les survivants du massacre passent la nuit accompagnés de l’artiste Yvonne Bezerra de Melo, fortement mobilisée.

Les survivants ont reconnu les sept policiers impliqués. Wagner dos Santos, 21 ans, est touché 4 fois mais survit et témoigne. Il subit une tentative d’assassinat un an plus tard, pour l’empêcher de témoigner.

Tous les policiers impliqués sont libres – certains ont été innocentés, d’autres ont été condamnés mais sont aujourd’hui en liberté (sur les 200 années de prison cumulées des 7 policiers, seules 20 ont été effectuées).

Aujourd’hui, un petit monument, devant l’église, rappelle ce massacre : une croix et une plaque où sont inscrits les noms des jeunes assassinat.

Monument en mémoire des jeunes assassinés
En 2009, manifestation en souvenir des victimes

Ce massacre a marqué les esprits au Brésil.

Par ailleurs, un des enfants survivants de ce massacre est devenu tristement célèbre quelques années plus tard, en 2000, en prenant en otage le bus de la ligne 174 à Rio de Janeiro. Un documentaire et un film ont été faits sur cet épisode. La bande annonce du film ici.

Lisez aussi notre article sur le contexte économique et politique de Au suivant ici.

Dossier spécial sur Au suivant, d'Henrique Rodrigues

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