Il faut parler du harcèlement au Brésil

La réalisatrice brésilienne Paula Sacchetta a parcouru en mars 2016 les rue de São Paulo et de Rio de Janeiro, pour recueillir des témoignages de femmes victimes de harcèlement. Suite à l’affaire mondiale #metoo, ou #balancetonporc, les femmes du monde entier (et pas seulement du milieu du show-biz), osent de plus en plus briser le silence.

Dans le minibus-studio itinérant, les femmes étaient seules pour parler, sans aucun interlocuteur, pour se sentir plus à l’aise. Celles qui préféraient garder l’anonymat pouvaient utiliser les masques mis à disposition, qui représentaient les raisons pour lesquelles elles ne voulaient pas apparaître : peur, honte, colère ou tristesse.

 

140 d’entre elles, entre 14 et 85 ans, originaires de quartiers populaires ou bourgeois, ont accepté de parler. Depuis la drague soi-disant innocente dans les transports publics jusqu’au viol pur et simple, tous ces témoignages de cette violence quotidienne, qui peut avoir lieu chez soi, dans une ruelle mal éclairée, ou en pleine rue et en pleine journée, sont différents et ressemblants.

Comment ces femmes se sont-elles senties en racontant ce qui leur était arrivé, en osant briser le silence et dénoncer le machisme ? C’était parfois la première fois, c’était parfois une libération, et toujours un moment intime.

Ce projet est vivant, en construction. L’idée est de le reproduire dans d’autres villes du Brésil, ou même ailleurs. Plus les femmes témoigneront, mieux ce sera.

La réalisatrice sera exceptionnellement à Paris le 26 janvier à 19h, à la Maison de l’Amérique Latine (217 boulevard Saint Germain – 75007 Paris) pour une projection du film tiré de ces témoignages, « Visages du Harcèlement ». Retrouvez le projet en VO sur https://precisamosfalardoassedio.com

Le thème de l’agression sexuelle est un des thèmes central du nouveau roman de Conceição Evaristo, Insoumises.

 » Il m’invita à sa fête d’anniversaire. Il me dit qu’il avait invité des collègues de travail, dont deux infirmières. J’y allai, confiante. Sur place, il n’y avait que lui et cinq hommes, inconnus. (…) Cinq hommes déflorèrent l’inexpérience et la solitude de mon corps. Ils disaient, entre eux, qu’ils m’apprenaient à être une femme. J’ai honte, j’ai la nausée en y repensant… Je ne l’ai jamais raconté à personne. Ce n’est qu’aujourd’hui, trente-cinq ans après les faits, devant toi, que je fais l’effort de dire à voix haute ce qui m’est arrivé. Les détails les plus humiliants meurent dans ma gorge, mais pas mes souvenirs. Je ne suis plus jamais retournée au travail. Aujourd’hui, je réagirais différemment, j’en suis sûre, mais, à l’époque, je fus envahie d’un sentiment de honte et d’impuissance. » (Insoumises, p.16)

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