Des enfants et adolescents menacés de mort par la police et par le trafic de drogues
La police brésilienne n’est pas toujours au service de la population, surtout de la population pauvre, ce n’est pas nouveau. Mais dernièrement, à São Paulo, la bureaucratie et le manque d’investissement public laissent encore plus vulnérables des jeunes menacés de mort.
L’Agência Pública, agence brésilienne indépendante de journalisme d’investigation, a publié une longue enquête sur les difficultés auxquelles font face des jeunes et adolescents menacés par la police et par les trafiquants. Des jeunes qui devraient être sous la protection du Programme de protection aux enfants et adolescents menacés de mort (PPCAAM), un programme mis en place par le gouvernement fédéral du Brésil en 2007 qui vise protéger les jeunes menacés à la fois par la police et par le trafic de drogues. Ci-dessous, quelques extraits de cette enquête.
Face aux procureurs d’un tribunal pour mineurs à São Paulo, au Brésil, Gorete a expliqué, très émue, ce qui s’est passé une nuit de février où quatre policiers militaires sont entrés chez elle et ont menacé de tuer son fils adolescent. Les policiers, sans identité sur leurs uniformes, cherchaient un revolver qu’ils croyaient en possession du fils de Gorete. Ils ont ensuite braqué un pistolet sur la tête de sa fille de 12 ans et ont demandé où était l’arme.
Nous allons revenir et quand nous reviendrons, nous en finirons avec ton fils, ont dit les policiers à Gorete.
Mais même si les magistrats du Tribunal pour mineurs ont reconnu que le fils de Gorete risquait d’être assassiné, il n’a pas été admis au Programme de protection aux enfants et adolescents menacés de mort (PPCAAM).
En effet, le programme de l’État de São Paulo n’accepte pas de nouveaux cas depuis janvier en raison d’un manque de fonds, ce qui signifie que 34 mineurs menacés n’ont aucune protection…
Dans un rapport interne, le Bureau du procureur de São Paulo conclut que « la protection, qui devrait être garantie, est menacée. Ce sont des vies qui ont été deux fois sans défense, négligées et réduites au silence ».
Nous recevons presque tous les jours des cas de menaces de mort, déclare le procureur Claudia Abramo. Ce sont des cas urgents, et le PPCAAM est notre seul moyen efficace de faire face à ces menaces.
Parmi les jeunes menacés, beaucoup sont Noirs, marginalisés et ont déjà passé du temps dans les centres de détention pour mineurs, ce qui les rend vulnérables aux abus commis par des policiers.
Le PPCAAM couvre 14 Etats et São Paulo est le seul Etat à ne pas prendre de nouveaux cas. L’Agência Pública a obtenu un document du Secrétariat de la Justice et de la Citoyenneté (SJDC) qui pointe un manque de ressources et de personnel.
Parmi les cas référés aux procureurs publics à São Paulo, 48% concernent des menaces de la police et 36% des menaces du crime organisé. À l’échelle nationale, beaucoup de ceux qui sont menacés sont des adolescents noirs âgés de 15 à 17 ans.
Le PPCAAM protège non seulement les mineurs, mais aussi les familles des victimes. Depuis sa création et jusqu’en septembre 2016, le programme a accepté près de 10 000 personnes : 3 512 enfants et 5 988 familles. L’année dernière, le programme protégeait 431 enfants et 750 familles. En moyenne, les mineurs restent dans le programme pendant une durée de six mois à un an, mais parfois plus longtemps.
Lisez l’enquête complète ici (texte en portugais)