Les favelas : un peu d’histoire

Tu as vu et revu ce mot dans Le libraire de la favela, de Otávio Júnior. Favela veut dire « bidonville » en portugais du Brésil.

Ce sont des quartiers pauvres, dont les maisons ont été construites illégalement, sans permis de construire. Les favelas se sont surtout développées entre les années 1950 et 1970. À l’époque, il y avait un fort exode rural : les Brésiliens des campagnes, qui n’avaient pas assez de travail, partaient en ville pour trouver un emploi, tenter leur chance, vivre aussi une nouvelle vie. Et dans les grandes villes, en pleine croissance économique, il y avait beaucoup d’emplois – sous qualifiés pour la plupart, dans la construction, les tâches domestiques… Des salaires trop bas pour payer un loyer pour un logement « normal ».

Alors, ces familles de travailleurs se sont installées là où elles pouvaient, sur les morros, ces collines que l’on trouve un peu partout à Rio, couvertes de végétation et donc inhabitées, et ont construit leurs bicoques de bric et de broc, pensant au début que la situation serait temporaire… Puis elles sont restées, les maisons en parpaings ont remplacé les bicoques en bois. La favela s’est étendue, a aussi gagné en hauteur car les maisons à étages ont fait leur apparition, pour accueillir les familles, toujours plus nombreuses… Et c’est ainsi que les favelas se sont définitivement installées dans le paysage des grandes villes du Brésil, et surtout de Rio de Janeiro, où se passe notre roman.

L'un des "morro" du Complexe de l'Alemão et le téléphérique qui le lie à d'autres communautés
La "Favela de la Rocinha", à Rio

Mais ce n’est pas sans danger ! Ce n’est pas pour rien que ces zones étaient inhabitées. Comme elles sont en pente, il y a souvent des glissements de terrain lorsqu’il pleut fort.

Jusqu’à très récemment, les pouvoirs publics (l’État, les mairies) se préoccupaient peu de ces quartiers. Les services publics – tout-à-l’égout, ramassage des poubelles, hôpitaux ou centres médicaux, etc. –  étaient très défaillants. Ils le sont toujours – mais depuis une quinzaine d’années, l’État essaie de renverser la tendance.

En effet, à Rio de Janeiro par exemple, il y a 500 favelas, qui regroupent environ 20% de la population ! L’État ne pouvait pas continuer à faire comme si elles n’existaient pas… Mais c’était un peu tard, car entre-temps, les favelas, qui étaient donc « abandonnées » par les gouvernements, se sont organisées à leur façon… Et malheureusement, souvent les trafiquants de drogues se sont mis à faire la loi.

Un peu avant 2010 – en 2008, plus précisément – le gouvernement a décidé de mettre fin à la toute-puissance des trafiquants. La confrontation armée entre trafiquants et troupes d’élite de la police avaient entraîné une escalade de la violence bien trop meurtrière. Savais-tu que le Brésil a un des taux de violence les plus élevés au monde ? En prévision de la Coupe du monde de football et des Jeux olympiques, le gouvernement met donc en place les UPP – (Unités de police pacificatrice : une police de proximité, qui cherche à être davantage basée sur le dialogue et la cohabitation pacifique plutôt que sur l’affrontement violent). Aujourd’hui, les UPP sont installées dans plus d’une cinquantaine de favelas de Rio de Janeiro. Cela n’a pas résolu tous les problèmes, mais la violence a un peu diminué.

Le plus insupportable dans toute cette violence, c’est quand elle atteint des gens qui sont des habitants de la favela – un enfant, une mère de famille, un travailleur qui était dans la rue au moment où policiers et trafiquants se tirent dessus… C’est ce qu’on appelle les « balles perdues » –  Otavio en parle, il y a même une balle qui s’est fiché dans le mur de sa maison, juste au-dessus de son lit ! Pour te donner un exemple, en 2014-2015, il y a eu 98 morts et 115 blessés à cause des balles perdues au Brésil. C’est beaucoup trop !

Mais assez parlé de violence. Comme le dit Otavio, « Tous les Brésiliens qui habitent dans les favelas situées sur les collines savent que dans ces quartiers, nous vivons avec la peur, l’angoisse, le désespoir. » Mais il rajoute : « Cependant, contrairement à ce que beaucoup de personnes peuvent penser, j’aime ma vie ici. »

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