Nos articles de 2020 sur les réseaux sociaux et le blog

Bonjour à tous !

Alors que l’année se termine… voici un petit aperçu des articles que nous avons publiés cette année… Coups de coeur, coups de gueule, lancements : malgré le COVID, 2020 a été une année riche et pleine !

La jeune Xina Xaxanapi thëri.

Superbe expo sur les Yanomami du Brésil ! ❤ OK, vous n’avez jamais rencontré de Yanomami – mais les photos de Claudia Andujar nous permettent de les découvrir et de les respecter. Une connaissance d’autant plus indispensable que les droits des Yanomami (et des Autochtones en général) sont menacés par la politique extractiviste de Bolsonaro : l’Amazonie est riche en or et autres minerais, et les orpailleurs clandestins envahissent de nouveau la région – entraînant avec eux maladies, alcoolisme, prostitution. Pourtant, les terres ont été démarquées et sont protégées. Mais rien à faire, le capitalisme est plus fort que tout…
Il y a des photos magnifiques sur la vie quotidienne ; d’autres impressionnantes sur les rites de prises de poudres hallucinogènes… Fascinant. L’expo de Claudia Andujar est à la Fondation Cartier pour l’art contemporain.

Et solidarisez-vous aussi avec la cause des peuples autochtones !

L’écrivaine Leila Slimani se réjouissait hier dans Le Monde de ce confinement forcé, idéal pour écrire. Conceição Evaristo aussi – mais sans jamais oublier d’où elle vient, et bien qu’elle soit aujourd’hui l’une des auteures les plus lues, aimées, commentées et respectées du Brésil. Je traduis quelques passages du texte qu’elle a publié hier :

Si la raison n’en était pas si grave, je fêterais presque cette réclusion forcée. Je la fêterais d’autant plus si tout le monde avait une maison – et une maison accueillant ses habitant.e.s dignement.
Cette situation me rappelle mon enfance. La saison des pluies. Nous devions rester enfermées à la maison. Nous étions quatre filles, de vraies pipelettes. Sans rien d’autre à faire, ma mère, oubliant peut-être les difficultés de la vie, se mettait à raconter des histoires…
Puis sont arrivés mes frères, cinq au total. La maison de deux pièces semblait diminuer à chaque naissance.
Ma mère, malgré la pluie au-dehors, se mit à sortir pour ramasser des cartons, qu’elle vendait ensuite. Adolescente, je l’ai souvent accompagnée, au gré du besoin et de la chance…
Je me demande toujours comment font les femmes pauvres pour remplir la tâche éreintante qu’est l’éducation des enfants. Supportent-elles tout ? Font-elles semblant de supporter ? Succombent-elles au milieu du chemin ? Doivent-elles réellement passer par toutes ces épreuves ? Est-ce juste, ce que la vie leur demande ? (…)”


Conceição Evaristo a publié trois romans aux éditions Anacaona.

Après avoir déchargé l’énorme palette de cartons sous la pluie, rangé les cartons dans le stock, la cave, le bureau, le couloir… Enfin, le bonheur, la fierté, de le tenir entre ses mains !!!Comme le dit Françoise Vergès dans sa préface : “Djamila Ribeiro nous encourage à prendre en main notre propre éducation à l’antiracisme, à aller plus loin, à se joindre à des collectifs. Elle nous incite à lire, à nous former constamment, personnellement et collectivement”. Au Brésil, le livre se classe rapidement dans le top 10 des meilleures ventes et y reste plusieurs mois. Il gagnera même quelques mois plus tard le prix Jabuti (le plus prestigieux prix littéraire du Brésil) dans la catégorie Essais. 

Un livre in-dis-pen-sable ! Voir ici.

Le témoignage d’une féministe de 95 ans ! On dit souvent cette phrase au Brésil, “nos pas viennent de loin…” Pour honorer celles qui nous ont précédées dans la lutte, voici l’histoire de Dona Maria Soares, féministe brésilienne de 95 ans. Dona Maria est de toutes les manifestations – féministes, antiracistes, pro-LGBT, contre les privatisations, les expulsions… Un petit bout de femme… mais quelle détermination ! 
Elle affirme : Cela ne sert à rien de critiquer le gouvernement depuis son canapé. Il faut agir, dire les choses. Et puis je n’ai rien à perdre : je me fiche, à 95 ans, de me prendre une balle dans la tête. Respect, Dona Maria. Et merci pour tout ❤

️La suite de l’article ici.

Dans son essai sur l’Appropriation culturelle, l’anthropologue Rodney William revient à plusieurs reprises sur les accessoires de mode autochtones. Cela permet d’analyser ces photos différemment – Pharell Williams en couverture de Elle et le défilé Victoria’s Secret… Se solidarisent-ils de la cause autochtone ? Quelle est l’utilité de cette photo : se “déguiser en Indien” ? Faire “ethnique” ? Le sort des Autochtones s’en trouvera-t-il amélioré, leur culture mieux comprise ?…. Et surtout, ont-ils l’autorisation de porter cette coiffure probablement sacrée ou signe d’autorité ? A bien des égards, ces photos sont problématiques… Un essai qui met les choses au clair, car nous avons tous à apprendre !

ENFIN ! Après avoir hué, sifflé, tagué les statues de Christophe Colomb… Il était temps de les décapiter et de les déboulonner !
En 1492, l’Amérique était presque deux fois plus peuplée que l’Europe de l’époque. Malgré tout, Colomb et ses comparses se la sont tout simplement appropriée. Sous un faux prétexte : l’évangélisation, la mission civilisatrice, blablabla. Mais nous savons très bien quel était leur objectif : S’ENRICHIR (et enrichir les monarchies européennes). Leur voracité a été sans limites. Ils ont fait main basse sur l’or et les richesses. Exploité intensivement les terres. Massacré les hommes. Raflé les femmes… Voilà le projet colonisateur qu’a initié Colomb en 1492.
Certes, on ne peut pas refaire l’histoire. Mais on peut la RÉÉCRIRE – en écoutant d’autres voix, en arrêtant de présenter comme héros des hommes qui ne le sont pas. Colomb n’a pas DÉCOUVERT l’Amérique mais l’a ENVAHIE avec une brutalité inouïe. Il a initié un génocide qui allait décimer 90% de la population d’un continent.
Ces statues sont des affronts à notre mémoire – elles nous disent à mots couverts : vos morts n’ont pas d’importance, votre histoire n’a pas d’importance. Ça suffit : nos vies comptent aussi. Mille fois oui : déboulonnons toutes ces statues, et maintenant !
Pour ceux que l’histoire de Colomb intéresse, j’ai écrit l’histoire de cette rencontre manquée entre les Conquistadors et les Autochtones haïtiens – et la résistance que ceux-ci leur ont opposée. Le livre s’appelle 1492, Anacaona l’insurgée des Caraïbes. 

En couverture du magazine Globo… “Le pouvoir de la philosophe la plus lue du confinement”. Ces deux derniers mois, les ventes de Djamila Ribeiro se sont envolées au Brésil (et un peu en France aussi 😊) Dans son post, Djamila souligne cette révolution : c’est une FEMME NOIRE qui occupe la première place du podium des ventes de livres – dans une société où on continue à vouloir maintenir les femmes noires hors des espaces du savoir et de l’intellect. “Nous devons rêver et avoir le droit à de nouvelles possibilités d’existence.”
Djamila Ribeiro, philosophe antiraciste, féministe, militante, autrice, coordinatrice éditoriale. Aussi belle à l’intérieur qu’à l’extérieur… Comment ne pas l’aimer ? ❤️

A l’attention de M. Sarkozy et Tous-ceux-qui-pleurnichent-parce-qu’on-ne-peut-plus-rien-dire : Parler de singes n’est pas offensant. Pour être franche, le singe est même mon animal préféré (après mon chien️ ❤️). Ce qui est plus problématique, c’est de parler de singes, et de se reprendre aussitôt en pensant avoir offensé un groupe – en l’occurrence les Noirs. Oups !
On vous avait pourtant bien briefé : on ne dit plus « le roman Les Dix petits Nègres » ! Et, par association d’idées, vous avez cru qu’on ne pouvait plus parler… de singes.
Curieux parallèle… (je me reprends : ce n’est pas « curieux ». C’est juste un parallèle au bon vieux relent colonial et raciste).
À chacune de vos interventions, (dont celle de hier soir sur ce plateau télé, face à ce journaliste qui s’est bien gardé de vous faire une quelconque remarque) je me dis et me redis que je suis définitivement fière de n’avoir JAMAIS voté pour vous ou ceux de votre parti. Vous êtes un indécrassable homme de l’ancien monde.
PS : rien que pour vous, la femme noire que je suis poste une photo de singe sur sa page parce que, MOI, je n’y vois aucune corrélation. Je vois juste un animal magnifique, intelligent, sensible, à protéger. Et dont, accessoirement, nous descendons tous.

Le juriste Adilson Moreira analyse l’humour raciste avec son concept de ”racisme récréatif”, qui est pour lui une stratégie d’oppression raciale particulière : elle protège l’image sociale du “blagueur” (avec le fameux: C’était pour rire… !). L’auteur montre que ces blagues qui diffusent des stigmates sont loin d’être innocentes. Elles compromettent le statut culturel et matériel des minorités, et les décrédibilisent comme acteurs sociaux compétents. Plus d’informations ici.

Mon trésor… je l’ai porté des mois, et il est là…🥰 Voici Solitude, immense héroïne de Guadeloupe, que j’ai imaginée bienveillante et généreuse – flamboyante 🔥 pour toutes nous éclairer ! Un roman librement inspiré de la vie de cette femme oubliée par l’histoire officielle. 

1000 jours que Marielle Franco a été assassinée – et toujours pas de réponses à nos questions. Et pendant ce temps, la violence continue. Il y a quelques jours, Emily et Rebecca, 5 et 7 ans, ont été tuées par des balles « perdues » de la police. Des balles perdues mais qui trouvent très bien les corps des enfants pauvres, Noirs, des favelas. Cette année, rien qu’à Rio de Janeiro, 22 enfants ont été tués par des balles de la police… L’État brésilien suit cette stratégie perverse qui consiste à maintenir sa population dans un état de deuil permanent. Il l’asphyxie avec toutes sortes de violences et l’empêche de respirer. Mais, comme le dit l’autrice Conceição Evaristo, « Ils ont prévu de nous tuer, mais nous avons prévu de ne pas mourir ».
Les vies noires comptent / Vidas negras importam / Black Lives matter en France, au Brésil, aux USA, et ailleurs.
Lisez la lettre de la sœur de Marielle Franco sur le site de Autres Bresils. La famille de Marielle Franco a créé l’Institut Marielle Franco pour transformer la douleur en force et continuer. Et mettre fin à ce cycle de deuils sans fin.

Une chose est sûre, on se souviendra de 2020… Comme on dit au Brésil, saudades (= nostalgie très, très forte !) de nos rencontres! On meurt d’envie d’en réorganiser… D’ici là, restons connectés, portez-vous bien, et bonne année !!!

Peace & love à tous.

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