Un nouveau mouvement littéraire : la littérature périphérique
Les éditions Anacaona soutiennent la littérature périphérique, en aidant ses auteurs à émerger.
La littérature périphérique, ou marginale, est une littérature produite par des auteurs vivant dans la périphérie des grandes villes brésiliennes, et souvent issus de minorités ethniques.
Les personnages et l’action représentés relèvent de l’univers de cette périphérie. En 1997, la publication de la Cité de Dieu, de Paulo Lins, a propulsé la littérature périphérique au-delà des frontières brésiliennes. Son livre a donc constitué un électrochoc bien avant son adaptation au cinéma. Pour la première fois au Brésil, ou presque, un favelado racontait la vie dans les favelas, avec son langage. Ce n’était plus un auteur de classe moyenne qui venait faire une étude sociologique sur ces « étranges » favelados….
Puis les romans de l’écrivain Ferréz à la fin des années 1990 ont définitivement fait émerger cette littérature périphérique. Rejoignant le mouvement hip-hop, la voix de la marginalité s’est affirmée, exprimant sa spécificité et sa différence par rapport aux centres des villes et aux centres de domination culturelle.
Aujourd’hui, la relève de Paulo Lins et de Ferréz se compte par dizaines d’auteurs : Rodrigo Ciriaco, Buzo, Sacolinha, …
Les textes de ces auteurs brésiliens sont auto-publiés, ou publiés par des maisons d’édition indépendantes ou sur Internet.
Une autre caractéristique de la littérature périphérique : elle est participative et engagée. Les écrivains s’expriment dans des textes écrits mais aussi grâce à des actions de sensibilisation culturelle et sociale auprès des habitants de leur quartier pour créer une communauté consciente de son identité et active face à la réalité de la périphérie. Ainsi, des saraus sont organisés chaque jour dans la majorité des quartiers des périphéries, notamment à São Paulo.
Qu’est-ce qu’un sarau : les écrivains et les habitants se réunissent à un endroit choisi, souvent un bar; l’entrée est libre et chaque participant peut aller sur scène pour réciter son texte ou le texte d’un autre auteur sans compétition ni jury. Le nombre et la fréquentation des saraus sont en constante augmentation, ce qui renforce l’unité de la communauté et l’affirmation d’une identité périphérique positive. On estime à 10 000 le nombre de participants aux saraus chaque semaine à São Paulo. Découvrez le sarau de la FLUPP.
Lisez le Manifeste de l’anthropologue Hermano Vianna, publié dans Je suis favela dans son intégralité ici.
Pour moi, cela ne fait aucun doute : la nouveauté la plus importante de la culture brésilienne de ces dix dernières années est l’apparition de la périphérie sur la scène publique nationale, et surtout le fait qu’elle s’exprime maintenant haut et fort, et partout.
Aux éditions Anacaona, vous pouvez retrouver les auteurs de la littérature périphérique : Ferréz, Rodrigo Ciriaco, Buzo, Sacolinha ; et plus récemment, dans Je suis toujours favela, 5 auteurs sont directement issus de la mouvance des saraus : Ce sont les auteurs estampillés FLUPP.
Et toujours l’article de Rachel Bertol du journal Le Monde, écrit en 2011 peu après la publication de Je suis favela et repris sur notre blog, ici